Rodez : la métamorphose du centre ancien

En quelques années, le centre ancien de Rodez, situé dans l’Aveyron, a changé de visage. Autrefois peu fréquenté, ce quartier historique s’est embelli et s’est animé davantage. Il séduit les Ruthénois et les touristes de passage. Explications.

 

(extrait des Cahiers de l'Anah n°149)

Un centre-ville en renaissance

Depuis l’ouverture du musée Soulages en 2014, Rodez connaît une fréquentation touristique qui ne faiblit pas. Bénéficiant d’un rayonnement national, cet équipement culturel à l’architecture contemporaine participe à la redynamisation du centre ancien situé à quelques centaines de mètres. Aujourd’hui, ce quartier historique où trône la cathédrale du XIIe siècle est vivant et animé. Il offre des espaces urbains et publics requalifiés, compte plusieurs ruelles et places piétonnes avec une grande variété de commerces.
Quant aux vieux immeubles, érigés entre le Moyen-Âge et le XIXe siècle, ils sont de plus en plus nombreux à être restaurés. La collectivité incite les propriétaires à mener des campagnes de ravalement et à rénover les commerces et les appartements. Résultat, "les Ruthénois reviennent en centre-ville pour se promener, faire leurs courses et même pour y vivre. Nous avons agi à plusieurs niveaux (ville, communauté, région) et tous dans le même sens. Cela a été utile d’intervenir à plusieurs pour parvenir à ce résultat", indique satisfait Christian Teyssedre, maire de Rodez et président de Rodez agglomération.

Photo Cyril Chigot

Une approche globale qui a porté ses fruits

Pourtant le tableau était tout autre, il y a une dizaine d’années. Le centre ancien de cette commune du Midi, qui compte 25 000 habitants, était déqualifié et accumulait les handicaps. "On constatait une perte d’attractivité, une précarisation de la population, un déficit démographique, une dégradation continue de l’habitat et une vacance élevée des logements et des commerces", énumère Daniel Estève, responsable du service habitat de Rodez agglomération. À l’époque, les propriétaires (souvent d’immeubles entiers) se contentaient des revenus de la boutique du rez-de-chaussée et laissaient vacants les logements vétustes au-dessus, réservant même celui du premier étage pour stocker les marchandises. Face à ce déclin général, la municipalité et l’agglomération ont décidé d’agir et d’entreprendre diverses actions pour redonner vie à ce secteur. L’approche a été volontairement globale, portant à la fois sur la création d’équipements structurants à proximité (musée, cinéma en multiplexe, centre aquatique), la réalisation d’aménagements urbains d’envergure (Place d’Armes au pied de la Cathédrale), l’organisation d’une dynamique commerciale et la revalorisation de l’habitat privé.

Photo Cyril Chigot

Accompagner les propriétaires

Après une première opération programmée d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain (Opah-RU) de 2005 à 2011, Rodez agglomération en a initié une seconde qui s’achèvera en 2018. "Une action sur une durée longue s’avère nécessaire car il existe des points de blocage sur quelques immeubles en mauvais état et difficiles à traiter", commente Daniel Estève. Délégataire des aides à la pierre, Rodez agglomération utilise aujourd’hui surtout le volet incitatif des aides grâce aux outils de l’Anah. L’agglomération conseille et accompagne les propriétaires dans la rénovation de leurs biens. Lorsque ces derniers détiennent tout l’immeuble et qu’ils envisagent d’engager de gros travaux, "on leur indique qu’il est parfois opportun de créer un grand logement en faisant un duplex", indique Mylène Bronquart, chargée du suivi animation de l’Opah-RU du centre ancien de Rodez. Au-delà de quatre appartements rénovés avec des aides, l’agglomération oblige le bailleur à réserver un appartement avec un loyer très social. Aujourd’hui, les logements rénovés du centre ancien trouvent vite preneurs. "Les six appartements de mon immeuble ont été occupés dès la fin du chantier", se réjouit un propriétaire qui tient plusieurs commerces dans le quartier. Ce dernier se souvient d’avoir été informé des aides à la rénovation par l’agent immobilier qui lui a vendu l’immeuble. Grâce à des subventions cumulées (ville, agglomération, région, Anah), son opération de réhabilitation a été subventionnée à hauteur de 50 % du coût des travaux.

Photo Cyril Chigot

Actionner tous les leviers disponibles

Bien que non encore achevée, la transformation de ce quartier est d’ores et déjà visible. La collectivité poursuit cette politique globale sur tous les fronts. Afin de faciliter le stationnement, la ville applique des tarifs préférentiels pour les habitants du centre-ville. L’agglomération a même engagé un "manager de centre-ville" dont la mission consiste à développer et dynamiser l’activité. Pour entretenir et sauvegarder son patrimoine, elle a décroché le label "Pays d’art et d’histoire" délivré par le ministère de la Culture. Une Aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine (AVAP) est également en cours de constitution. Tous ces leviers sont actionnés et combinés pour faire du centre ancien un espace de vie.

Photo Cyril Chigot

Le point sur les Opah-RU à Rodez

• Opah-RU achevée (2005-2011) : 606 logements réhabilités dont 287 de propriétaires bailleurs (territoire intercommunal).
• Opah-RU du centre ancien de Rodez en cours (2013-2018) : un objectif de 110 logements à traiter. Depuis le lancement, 35 logements ont été réhabilités et 10 façades mises en valeur.
Près de 1,2 million d’euros (HT) de travaux ont été réalisés et un total de 540 000 euros de subventions a été attribué par l’État, l’Anah, Rodez agglomération, la ville de Rodez et la région.

Photo Cyril Chigot