Calvados : aide à l’autonomie et Habiter Mieux, une association efficace

À quoi sert l’installation d’une douche à l’italienne avec siège escamotable si les personnes âgées qui occupent le logement n’ont pas la possibilité de se chauffer ? Forts de ce constat, l’Anah et ses relais locaux assurent la promotion du couplage des aides à l’autonomie et du programme Habiter Mieux. Exemple à Mondeville près de Caen.

(extrait des Cahiers de l'Anah n°147)

Un dossier autonomie plus complexe que prévu

Été 2014, avec deux hanches artificielles Georges Heuzey, 83 ans, ne peut plus descendre seul l’escalier à angle droit qui le conduit à la douche. Une douche avec une marche d’une vingtaine de centimètres qui lui est difficilement accessible même avec l’aide de son épouse âgée de 82 ans. "Ma mère n’avait plus la force de le soutenir et nous réfléchissions à une solution en maison de retraite", confie leur fils. Il n’a cependant pas été facile de décider le père à réaménager le logement. Par l’entremise de voisins qui avaient effectué des travaux pour assurer leur maintien à domicile, Odile Heuzey apprend que l’installation d’une douche à l’italienne peut être largement prise en charge par l’Anah et la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat).

Dès septembre, la famille prend contact avec l’opérateur Pact-Arim Soliha du Calvados et sa chargée de mission, Laurence Carrière, qui assure une permanence habitat à Mondeville où résident les époux Heuzey. "J’ai vérifié l’éligibilité de leur demande et sollicité la Carsat pour obtenir son aide et son mandat." La réponse parvient en novembre, mais entre-temps leur fils découvre que ses parents ne sont plus en mesure d’allumer leur chaudière de plus de trente ans. Le dossier autonomie devient ainsi un dossier associant travaux énergétiques et de maintien à domicile.

Photo Cyril Chigot

L'Anah et la Carsat sollicitées

Fin novembre 2014, les diagnostics autonomie et énergie sont effectués. Les techniciens de Pact-Arim Soliha font une visite complète du logement pour vérifier la pertinence des travaux envisagés et l’éventuelle nécessité de les compléter par d’autres. Les aménagements prévus devaient permettre tant le maintien à domicile qu’un gain énergétique d’au moins 25 %, indispensable au déclenchement de l’aide Habiter Mieux. Les diagnostics ont permis de trouver une solution sur ces deux points. Avant Noël, le dossier est déposé auprès des représentants Anah de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et à la Carsat. Les réponses favorables arrivent début janvier 2015, la famille est informée dans la foulée et les travaux programmés pour avril après l’arrêt de la chaudière.

Depuis mai, prendre une simple douche ne relève plus du parcours du combattant pour Georges Heuzey et son épouse. La douche à l’italienne avec siège escamotable installée au rez-de-chaussée, où vivent les époux Heuzey, leur évite de prendre l’escalier. La nouvelle chaudière assure un gain de consommation de 29 % et elle s’allume en appuyant simplement sur un bouton. Sur un total de 8 471 euros de travaux devisés, le reste à charge pour les propriétaires occupants a été de 227 euros grâce aux aides de l’Anah (1 624 euros d’aide pour les travaux liés à l’Autonomie, 2 247 euros pour ceux liés à la rénovation thermique et 3 000 euros de prime Habiter Mieux) et de la Carsat : 1 373 euros. "Nous fournissons un accompagnement administratif et technique aux demandeurs", précise Laurence Carrière. "Notre intervention porte sur les travaux à effectuer, l’analyse des devis, les demandes de subventions et la conformité de la facture au devis."

Photo Cyril Chigot

Cumul des aides : une approche efficace

"Le cumul des aides à l’Autonomie et Habiter Mieux relève d’une approche globale du logement qui contribue à l’objectif de maintien à domicile", signale Béatrice Sgorbini, responsable du service études et opérations du Pact-Arim Soliha du Calvados. "Pourtant, inciter les propriétaires occupants à faire plus de travaux que ceux qu’ils envisageaient n’était pas dans notre culture. Cela nous donnait le sentiment de pousser à la vente. Or, les travaux autonomie et Habiter Mieux sont très complémentaires et leur association souvent indispensable au maintien à domicile.

Désormais, lors des visites, nos techniciens ne se cantonnent plus aux seuls aménagements envisagés, ils procèdent à un examen global." Dans le Calvados, beaucoup de maisons sont dépourvues de chauffage et leurs occupants se chauffent comme ils peuvent : cuisinière à bois, cheminée... Dans ce contexte, Habiter Mieux reste la meilleure porte d’entrée pour envisager ensuite les travaux d’autonomie. "C’est très souvent la demande de confort qui prime", insiste Béatrice Sgorbini. À quoi auraient servi les travaux de maintien à domicile chez les époux Heuzey s’ils s’étaient retrouvés privés de chauffage ?

Photo Cyril Chigot

La Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) garante du résultat

Dans ce dispositif, la DDTM du Calvados joue un rôle clé comme le résume en quelques mots Hélène Chauveau, responsable de l’unité amélioration de l’habitat privé : "Nous sommes les garants de la bonne utilisation des fonds publics et de la qualité du résultat final des travaux." Les dossiers sont instruits au regard des critères nationaux de l’Anah, mais aussi des critères locaux qui donnent la priorité aux ménages les plus modestes et aux propriétaires qui associent plusieurs types de travaux. La DDTM vérifie la conformité des diagnostics et l’adaptation des travaux aux besoins des occupants.

"Si les travaux sont importants ou lorsqu’une difficulté surgit, nous nous rendons sur place avant même le début du chantier", précise Florian Villain, adjoint d’Hélène Chauveau. "Sinon, nous faisons des visites aléatoires à la fin du chantier et nous vérifions toujours que les travaux apportent une réponse satisfaisante aux handicaps des personnes et/ou à la réduction d’au moins 25 % de la consommation d’énergie." Depuis fin 2013, la DDTM assure la promotion des travaux groupés tels que l’association aide à l’autonomie et Habiter Mieux. "Nous communiquons notamment auprès des collectivités et des opérateurs afin qu’ils informent les habitants de l’intérêt d’un couplage entre l’amélioration des performances énergétiques et l’adaptation des logements au vieillissement", indique Hélène Chauveau. Résultats, en 2014, 19 dossiers de propriétaires occupants ont associé les deux types de travaux sur un total de 149 dossiers d’aides à l’autonomie. "Notre objectif pour 2015 est de continuer à faire augmenter le taux d’association entre les deux types de travaux", conclut Hélène Chauveau.

Photo Cyril Chigot

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