Vers un projet d'humanisation d'ampleur à Paris

  • Humanisation

Publié le

Lecture 4 minutes

Le centre d’hébergement "La Boulangerie" constitue l’un des sites parisiens les plus stratégiques en matière d’hébergement. L'imposant bâtiment, va bénéficier d’une réhabilitation lourde, financée par l’Anah. Première visite avant le lancement des travaux, qui apporteront confort, sécurité et dignité à ses occupants.

Un site remarquable par sa capacité d’accueil

Bienvenue boulevard Ney, à Paris, sur le site de la caserne Gley. Ancienne boulangerie militaire, le bâtiment servait autrefois d’entrepôt pour les Armées, avant d’être désaffecté. Dans le cadre du plan "Grand Froid" à l’hiver 2004-2005, "La Boulangerie" a été retenue comme centre d’hébergement d’urgence. Depuis lors, elle héberge chaque nuit plus de 400 hommes venus de la rue, au sein de 2 structures se partageant le rez-de-chaussée :

  • un centre d’hébergement d’urgence (CHU) d’une capacité de 386 places ;
  • un centre d’hébergement et de stabilisation (CHS) d’une capacité de 50 places, qui permet un séjour plus long.


Hichame Nougaoui, directeur du site pour Adoma, fait la visite. La configuration des lieux adopte celle d’un centre logistique : un quai menant à un grand espace de stockage en rez-de-chaussée et d’immenses plateaux en niveaux 1 et 2.

À l’interieur du CHU, 3 dortoirs, dans lesquels près de 400 lits superposés s’alignent les uns à côté des autres. "Ici, nous optimisons les espaces pour accueillir un maximum de personnes, car les besoins sont énormes" précise Hichame. Un petit espace attenant dispose de casiers, de quelques tables et de plusieurs prises éléctriques. Côté CHS se trouvent un réfectoire, des sanitaires rudimentaires et 13 chambres, certaines borgnes, de 3 à 4 places. Hichame nous montre ensuite les deux plateaux vacants, dépourvus de cloisons. "Nous avons de quoi accueillir encore du monde. Mais nous devons le faire dans des conditions dignes et sécurisées, en profitant de l’espace pour dédensifier."

Des conditions éloignées des standards de confort

"Le premier besoin des personnes que l’on héberge, c’est la sécurité. Le quotidien d’un homme en errance est difficile et fait d'une certaine forme d'insécurité et lorsqu’il arrive ici, il doit se sentir serein, explique Hichame. Viennent ensuite les besoins essentiels : avoir un toit, un matelas, et pouvoir se nourrir."

Malgré les travaux d’amélioration réalisés régulièrement, les conditions d’hébergement du CHU et du CHS restent éloignées des standards d’hygiène, de confort et de sécurité attendus pour un dispositif d’une telle capacité. Les blocs sanitaires sont sous dimensionnés et dans les dortoirs, le manque d'intimité entre les hommes est fort. Avec des hauteurs sous plafonds très importantes et aucune isolation, les espaces sont très difficiles à chauffer. Enfin, le système de ventilation est inadapté, propice aux problèmes d'humidité.

La plus grande vigilance d'Hichame et de ses adjoints porte sur la sécurité du bâtiment. En cas de mouvement de foule, l'agencement actuel des locaux n'est pas des plus adaptés à une évacuation rapide et effective. "Pour pallier à cette difficulté, une équipe d'agents de sécurité et de personnel Adoma est prévue quotidiennement."

Un programme de travaux ambitieux

Le projet consiste à réaménager entièrement le rez-de-chaussée et à créer des locaux habitables sur les deux étages supérieurs. "La programmation a été optimisée afin de proposer des chambres de 2 à 3 lits, pour apporter plus d’intimité aux occupants. Les espaces sanitaires seront attenants et nous proposerons un service de bagagerie, une cuisine, des salles polyvalentes et un refectoire. Nous souhaitons également créer des espaces de « tiers lieux », dans l’idée d’accueillir ponctuellement des associations du quartier" décrit Jean-Stéphane Michard, responsable de programme Adoma. Au programme également : isolation, mise en conformité électrique, création d’un système de ventilation, changement du système de chauffage…

Les travaux permettront d’améliorer les conditions d’accueil tout en maintenant la capacité du site. La structure intergrera un 3ème dispositif : un CHU "insertion" pour un accueil renforcé sur 24h. Les travaux s’étaleront sur 2 ans, en site occupé. En 2023 débutera la réhabilitation des plateaux des niveaux 1 et 2. Puis en 2024, les occupants seront transférés au niveau 1 pour permettre le réaménagement du rez-de-chaussée.

Le projet en chiffres :

  • La superficie du site sera portée de 4 900 m² à 11 000 m²
  • Le CHU disposera de 150 places (50 chambres)
  • Le CHS disposera de 104 places (52 chambres)
  • Le CHU "insertion" disposera de 184 places (92 chambres)


Le plan de financement :

  • Subventions Anah : 9,7 millions d’euros (soit 70% du montant total)
  • Prêts Caisse des Dépôts : 2 millions d’euros
  • Fonds propres Adoma : 2,2 millions d’euros
  • Ville de Paris : 1,55 millions d'euros
  • Coût total de financement : 13,9 millions d'euros

Voir aussi