Saint-Denis : les élus mobilisés contre les marchands de sommeil et la sur-occupation
Engagée depuis plusieurs années dans la lutte contre l’habitat indigne, la ville de Saint-Denis (93) vient de présenter à la ministre du Logement et de l’Habitat durable de nouvelles propositions pour éradiquer ce fléau.
La ville de Saint-Denis concentre à elle seule près de 10 % de l’habitat indigne du 93, soit près de 8 000 logements. Insalubres, ces habitations sont également le plus souvent sur-occupées et louées par des marchands de sommeil. En 2014 et 2015, Saint-Denis a obtenu la condamnation de huit d’entre eux, dont un à de la prison ferme. Mais le combat ne se joue pas seulement devant les tribunaux.
Depuis 2010, le centre-ville, où se concentre la majeure partie de l’habitat indigne ou sur-occupé, est au cœur d’un chantier mené dans le cadre du Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD). En six ans, plus de 70 millions d’euros ont été mobilisés par la municipalité, par la communauté d’agglomération Plaine Commune avec la participation de l’Anah, de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) et du Département. Des efforts que la ville entend aujourd’hui intensifier. "En juin 2016, nous avons présenté de nouvelles propositions à la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, souligne Stéphane Peu, maire adjoint en charge du logement. Elles visent principalement à renforcer les capacités d’enquête et d’instruction contre les marchands de sommeil."
Parmi les pistes envisagées : le renforcement des effectifs de la brigade Utile*, l’augmentation des moyens de l’Agence régionale de santé (ARS) et la délocalisation des dossiers au Tribunal de Grande instance de Paris**. La mairie souhaite également que l’arsenal législatif puisse être amélioré rapidement avec la publication des décrets manquants de la loi Alur. "Ce plan nécessite un engagement fort de l’État, souligne Stéphane Peu. L’habitat indigne doit devenir une grande cause nationale qui mobilise tous les acteurs publics". Dans cette perspective, la ville de Saint-Denis a sollicité l’organisation, à l’automne, d’un comité interministériel sur cette question.
* Unité de traitement des infractions sur la législation des étrangers.
** Le TGI de Seine-Saint-Denis est débordé par le nombre de dossiers à traiter.