La Guadeloupe face au défi des copropriétés

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Depuis longtemps en Guadeloupe, la politique de l’habitat s’est prioritairement focalisée sur le développement du parc de logements sociaux. Aujourd’hui, face au constat d’une dégradation massive des copropriétés, un partenariat renforcé entre l’ANRU et l’Anah s’attache désormais à accompagner efficacement les interventions sur le parc privé. Explications avec Sabine Kawamura, responsable du Pôle habitat à la DEAL.

Une stratégie de long terme

La méconnaissance de l’état du parc privé, notamment de celui des copropriétés, est un problème de taille pour agir contre les logements dégradés et indignes en Guadeloupe. Aucun Programme Local de l’Habitat (PLH) n’existant à ce jour sur le territoire, il est difficile d’appréhender le niveau d’intervention nécessaire. "Le programme le plus avancé, c’est celui de Cap Excellence, explique Sabine Kawamura. Parallèlement sur cette agglomération, les objectifs du nouveau projet de rénovation urbaine (NPNRU) consistent à traiter l’ensemble des difficultés d’un quartier, y compris celles relevant de l’habitat privé."

C’est donc avec Cap Excellence que la DEAL* développe un programme d’actions, pour travailler en cohérence sur l’amélioration du parc public et privé, dont les copropriétés fragiles ou dites dégradées. "La volonté affichée est claire : faire bouger les choses et s’attaquer à un problème trop longtemps mis de côté" note Sabine Kawamura.

Un partenariat Anah - Anru

Dans le cadre du protocole de préfiguration de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), première étape du NPNRU, Cap Excellence a donc lancé des études sur les copropriétés, accompagnée par l’Anah et la DEAL. Le premier diagnostic posé, sur le cœur d’agglomération, cible 23 copropriétés. "Avec la collectivité, nous avons réduit le nombre à une dizaine, détaille Sabine Kawamura. Nous avons alors réalisé un diagnostic multi-critères plus poussé, à partir duquel a été élaboré le plan d’actions."

Celui-ci a été partagé avec les conseillers de l’Anah et va faire l’objet d’un échange avec Cap Excellence avant de déboucher sur une mise en œuvre concrète. L’Anah a d’ores et déjà prévu une subvention de 300 000 euros pour réaliser des travaux d’urgence sur 30 logements d’une copropriété. En 2022, une seconde étude doit être menée sur le reste du territoire de Cap Excellence.

Une ingénierie à consolider

Pour intervenir sur l’habitat privé et favoriser un habitat digne, décent et sécurisé, le rôle des collectivités est primordial. "Nous les incitons grandement à s’intéresser à ces copropriétés. Nous avons besoin de leur regard et de leur connaissance sur ces grands ensembles", rappelle Sabine Kawamura. À leurs côtés, l’Anah et l’ANRU les accompagnent et les rassurent. Les Agences sont là pour le conseil stratégique et pour tous les aspects réglementaires. "Nous savons que cela prendra du temps, mais il est essentiel de se doter d’outils dédiés". Afin d’accompagner au plus près les collectivités, l’une des pistes conduit d’ailleurs à renforcer les expertises locales, comme les bureaux d’études en ingénierie : "Nous devons nous doter de spécialistes qui connaissent notre culture et qui accompagnent la maîtrise d’ouvrage, les syndics et nous-mêmes sur tout le volet ingénierie" reconnaît Sabine Kawamura. Pour elle, "le travail est colossal et nous n’en sommes qu’aux prémisses, mais nous avançons."

* Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement.

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