Nouveau départ pour les copropriétés de Sarcelles

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Emblématique de la politique urbaine d’après-guerre et modèle de mixité sociale à ses débuts, le Grand Ensemble de Sarcelles s’apprête à vivre une réhabilitation inédite. L’Anah est l’un des principaux acteurs de la convention d’Orcod signée fin juillet avec la Ville. Elle concerne une cinquantaine de copropriétés en grande difficulté. Patrick Haddad, maire de Sarcelles (95), croit en son potentiel pour gagner en attractivité.

Agir à l’échelle d’un grand ensemble emblématique

Patrick Haddad partage avec l’Anah la conviction qu’il est urgent d’agir. "Les Lochères à Sarcelles, c’est le plus grand quartier Politique de la Ville de France, la plus grande Cité éducative, le premier Grand Ensemble construit après la guerre. Mais aujourd’hui la situation est critique, notamment pour les 57 copropriétés des Lochères". Sur ce secteur, qui représente quelque 4 000 logements, le bâti a vieilli et la mixité sociale qu’apportait ce parc de logements privés est aujourd’hui en net recul. Le taux d’impayés de charges dépasse les 50 % avec pour conséquence des travaux d’entretien qui ne sont plus réalisés et une gestion au quotidien altérée par les difficultés financières. Dans ce contexte, les marchands de sommeil sont en embuscade.

Sarcelles ne manque pourtant pas de ressources, assure M. le Maire. "L’avantage ici est que tout a été conçu d’un seul bloc avec une vraie cohérence urbaine. La ville est proche de Paris et bien desservie, le tissu commercial est dynamique, l’université de Cergy ambitionne de développer son campus… Par ailleurs, les logements sont grands et de très belle qualité. Alors, quelle ville voulons-nous demain, voilà la vraie question ! Nous voulons des copropriétés qui redeviennent attractives pour les familles et les classes moyennes, pas pour les spéculateurs. L’enjeu aujourd’hui, c’est le cadre de vie et la mixité sociale."

Un plan d’une ampleur exceptionnelle

Engagée depuis 2017 dans le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) qui a déjà permis la réhabilitation de plus de la moitié des 8 000 logements sociaux du Grand Ensemble, la municipalité a intégré en novembre dernier le comité de pilotage national du plan Initiative Copropriétés. Le lancement de l’Orcod (Opération de requalification des copropriétés dégradées) confirme son ambition d’endiguer la paupérisation du secteur, où le prix du mètre carré est désormais parmi les plus bas du Val d’Oise.

Signée le 21 juillet dernier en présence du Préfet, la convention d’Orcod se traduira par 100 millions d’euros de subventions versés par l’État et les collectivités sur les 7 prochaines années. Aux côtés de l’ANRU *, l’Anah est partenaire majeur de l’Orcod et accompagne l’ensemble des actions de prévention et de redressement. L’Agence est en charge d’injecter les fonds pour la rénovation, notamment énergétique, des bâtiments. "Cet investissement public majeur traduit la volonté de donner une place et un rôle aux banlieues en France. Et une bonne qualité de vie produit toujours ses effets : l’inclusion, l’émancipation sociale, la lutte contre l’échec scolaire, le vivre ensemble…".

Un traitement systémique

"La résorption des impayés est le premier défi à relever pour rénover les copropriétés des Lochères", estime M. Le Maire. Pour que cet objectif ne se fasse pas au détriment des propriétaires, dont le maintien sur place est une priorité, la ville de Sarcelles met en place un accompagnement social au cas par cas. L’objectif est de solvabiliser les plus impécunieux d’entre eux et mobiliser toutes les aides financières. Une fois le redressement financier effectué, des travaux d’amélioration et de performance énergétique seront menés sur les parties communes des 23 copropriétés, ce qui représente un rythme de 4 copropriétés par an à compter de 2024. Également, au programme, des travaux d’amélioration des parties privatives. Ils seront accompagnés et ouvriront droit à des aides, notamment par l’Anah.

Pour agir globalement, l’Orcod prévoit un volet pour la requalification de l’espace public et le renforcement des activités économiques et commerciales. Symptomatique de l’urbanisme de dalle des années 1970, la question de la domanialité se pose à l’échelle du quartier, où les espaces à usage public appartiennent aux copropriétés et souffrent d’un manque d’entretien. Ainsi dans le secteur des Flanades, la place de France a été rétrocédée à la Ville, qui va également récupérer la gestion des allées du centre commercial. "L’Orcod propose un traitement systémique et c’est ce qui est intéressant. Elle est stratégique pour l’ensemble de la ville et pas seulement pour les copropriétés. Elle nous permet d’entamer un nouveau départ, pour faire de Sarcelles une ville d’avenir", se réjouit Patrick Haddad.

* Agence nationale de rénovation urbaine

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